Le match d'improvisation théâtrale - Didier MasseinLe match d'improvisation théâtrale - Jean Luc ReichmannLe match d'improvisation théâtrale - vote

On entend par cérémonial tout ce qui est fait en dehors du jeu proprement dit et cadre les temps d’improvisation. Cela va des modes de présentations de tous les protagonistes à l’interview des capitaines, en passant par toutes les règles de procédure. Il ne s’agit plus là d’improviser mais de répondre à une chronologie très précise qui s’est rodée au fil des matchs pour répondre à la nécessité de rythmer le spectacle. Le cérémonial a un rôle très important car il agit comme un ciment dans le spectacle et c’est lui qui relie la dimension théâtrale et la dimension sportive.

Ce cérémonial Le match d'improvisation théâtrale - Daniel Perreauxs’est parfois altéré au fil du temps, toutefois certains aménagements, qui sont maintenant opérés par les ligues pour alléger l’ensemble du spectacle, aident à redonner du sens. La notion même de cérémonial n’a de valeur que si tout le monde reconnaît dans chaque phase ce sens commun qui contribue au spectacle. Or, il est souvent apparu qu’au fil du temps certaines choses se faisaient par habitude, plus que par nécessité.

Le déroulement

L’enchaînement que nous vous proposons ici est celui qui était pratiqué à l’origine. Voici le déroulement, en phases, de ce cérémonial  agrémenté de courtes vidéos de 2 minutes chacune pour illustrer:

Quand le public entre, la patinoire est au centre, à vue de tout le monde.

L'ÉCHAUFFEMENT

Dix minutes avant le début du spectacle, pendant que le public s'installe, les joueurs viennent s'échauffer dans la patinoire.

Le ou les musiciens entrent avant la fin de l'échauffement et commencent à jouer. Il n'y a pas là de durée déterminée, sachant que le but de cette intro musicale est de capter et de "chauffer" le public.

Le musicien joue un "morceau d'appel", déterminé à l'avance, sur lequel rentre le maître de cérémonie.

PRÉSENTATION

Le maître de cérémonie présente l'affiche match, et appelle le staff arbitral.

L'arbitre entre dans la patinoire et fait son tour d'inspection, pendant que le MC présente le déroulement du match.

L'arbitre appelle ses deux assistants dans la patinoire pour leur donner les dernières instructions et va mettre ses thèmes dans le barillet.

Pendant ce temps, le MC les présente.

Les arbitres sortent de la patinoire, et le MC présente les deux équipes, en appelant et en nommant les coachs, puis les joueurs en annonçant leur numéro, et éventuellement leur fonction (capitaine, assistant capitaine). Dans certaines Ligues comme à la LIFI, les équipes sont appellées et les joueurs sont nommés à la volée quand ils sont tous dans la patinoire.

LES HYMNES

Une fois tous les joueurs appelés, le MC demande l’attention du public pour écouter "solennellement" l'hymne des deux équipes.

Les deux équipes chantent leur hymne respectif.

Les joueurs regagnent leur banc.

Le musicien reprend la musique.

L'arbitre entre sur la patinoire, et tire le premier thème.

Au premier coup de sifflet, le MC déclenche le chrono de période.

DÉROULEMENT POUR CHAQUE IMPROVISATION

L'arbitre annonce le thème dans l'ordre suivant: improvisation mixte ou comparée, ayant pour thème..., nombre de joueurs, catégorie, durée de l'improvisation.

Il siffle et les équipes ont 20 secondes de concertation. Durant ce temps appelé “caucus”, le musicien joue.

Au bout des 20 secondes, l'arbitre siffle. Pour les improvisations mixtes, chaque équipe a déjà un joueur dans la patinoire, et l'improvisation démarre. Pour les improvisations comparées, l'arbitre lance un palet à double face. Il demande à l'équipe dont la couleur sort si elle veut commencer ou si elle laisse commencer l'autre équipe, puis il siffle le début de l'improvisation.

A la fin du temps de l'improvisation, l'arbitre se lève de la réserve et siffle. Les joueurs regagnent leur banc. Dans le cas d'une improvisation comparée, la seconde équipe se met en place tandis que la première regagne son banc.

LES FAUTES

A la fin de l'improvisation, l'arbitre et le MC se mettent d'accord sur les fautes qui ont été sifflées.

Le MC annonce les fautes.

A ce moment, les capitaines ont la possibilité de venir demander des explications à l'arbitre, quand l’arbitre les y invite. Ils viennent au centre de la patinoire, face à l'arbitre.

L'arbitre donne ses explications, et renvoie les capitaines sur leur banc.

LE VOTE

L'arbitre appelle ses assistants sur la patinoire, et demande au public de voter avec les cartons bicolores. Si une couleur dominante se dégage, il se tourne vers l'assistant qui est du côté de l'équipe dont la couleur est dominante, et lui demande s'il est d'accord en criant la couleur.

L'assistant répond en criant "majorité!" s'il est d'accord, ou baisse la tête s'il ne l'est pas. Dans ce cas l'arbitre fait procéder au comptage des voix (chaque assistant compte les cartons d'une couleur). L’arbitre peut également décider de lui-même le comptage sans demander l’avis des assistants, ou attribuer le point même si l’assistant hésite.

Lorsqu'il n'y a pas de comptage, l'arbitre annonce l'équipe qui remporte le point. Lorsqu'il y a comptage, l'arbitre demande à chaque assistant le nombre de voix qu'il a compté, et annonce l'équipe qui remporte le point. (L’assistant marque le nombre de voix sur une ardoise et la présente au public à la demande de l’arbitre).

Le MC annonce le nouveau score.

L'arbitre retire un nouveau thème et ainsi de suite

A la fin de chaque période, le MC déclenche la sirène et annonce la fin de période. Les joueurs regagnent les loges suivis du Staff.

Au début de chaque période, le musicien entre en premier et joue un ou deux morceaux pour rappeler le public. Le Staff rentre ensuite et le MC rappelle les joueurs par un coup de sirène.

FIN DU MATCH

A la fin du match, le MC annonce les étoiles, en commençant par présenter la personne qui les a remise. Il annonce d'abord la troisième étoile, ensuite la seconde, et enfin la première. Il annonce en donnant le numéro, la couleur de maillot et le nom du joueur. Le joueur vient saluer le public au milieu de la patinoire, puis va saluer l'équipe adverse.

Le MC entre sur la patinoire, avec le micro, et appelle les capitaines ou les coachs pour la traditionnelle interview.

Il interviewe le capitaine ou le coach de chaque équipe, en commençant par l'équipe perdante.

Le MC fait les remerciements d'usage, annonce les dates à retenir, remercie le public et clôt le match.

Les joueurs regagnent les coulisses, suivis du Staff, puis du musicien.

Notons que la fin du match est souvent bâclée et que l’on assiste souvent à une débandade, joueurs et spectateurs se mélangeant. Il nous semble important que les joueurs qui sont aussi et surtout des comédiens saluent le public comme on salue en fin de spectacle, avant de quitter l’espace de jeu qui restera vide jusqu’à la prochaine rencontre.

En principe, les visiteurs sont côté jardin (à gauche pour les spectateurs)

Lors de la présentation des équipes, les locaux sont présentés en premier, et se tiennent au fond. Les visiteurs s'alignent sur le devant.

L'hymne des visiteurs est chanté en premier.

Il faut se rendre compte que le cérémonial du match d’improvisation est construit sous la forme d’une courbe qui permet de totalement maîtriser les tensions et l’attention des spectateurs. L’échauffement est une forme de prologue qui met le public en attente, puis la tension monte au fil du match pour arriver à son point culminant au moment du vote final. La remise des étoiles permet d’évacuer les derniers remous de l’excitation, et l’interview des capitaines conclut plus calmement la fin du spectacle, laissant le spectateur repus.

LES CONVENTIONS ET RÈGLES DE PROCÉDURE

Dans le cérémonial, il y a certains moments et certains codes qu’il convient d’analyser ici. En effet, rien n’est vraiment gratuit dans le cérémonial et tout y a sa place à l’exception de l’usage des chaussons qui, à nos yeux, est tout à fait discutable.

Le match d'improvisation théâtrale - ceremonialL'échauffement

Au début de chaque match, les équipes viennent s’échauffer avant le début du spectacle, comme au sport. Il s’agit bien d’un moment d’échauffement et non d’un spectacle dans le spectacle. C’est le moment où les joueurs vont se retrouver sur la patinoire, face au public. Ils vont pouvoir s’imprégner de l’ambiance de la salle et se mettre en condition au travers d’exercices que leur propose leur coach. Exercices de groupe, exercices en solo, exercices mêmes entre les deux équipes comme le traditionnel Taï shi, qui permettent aux joueurs de se mettre dans de bonnes conditions d'écoute. Ce moment qui se fait en musique doit aussi pousser les joueurs à s’ouvrir à toutes les pressions. Pression temporelle, pression de l’enjeu, pression de l’équipe... Il s’agit là de se mettre dans un état total de disponibilité, prêt à se faire surprendre et à se surprendre soi-même.

On a pu remarquer, qu’à trop vouloir faire de l’échauffement un moment de spectacle pour le public, on oubliait de “chauffer” l’équipe. A trop vouloir donner au public, les joueurs ne se donnaient pas entre eux. Un échauffement très préparé, trop mis en scène, a bien moins d’intérêt pour le spectateur que de voir les jouteurs qui se préparent à entrer dans l’arène. L’échauffement est également un moment de préparation pour le spectateur qui s’apprête à voir un spectacle dans lequel il a un rôle. Il se met en impatience et c’est cette impatience qui va mettre la pression au joueur qui se devra d’être à la hauteur de l’attente des spectateurs.

Le match d'improvisation théâtrale - hymneL'hymne

L’hymne est, en fait, une chanson originale, que chaque équipe chante après la présentation des joueurs. Les paroles sont censées caractériser l’équipe, et mettre en valeur son identité. Cet hymne peut avoir un rôle important, surtout en amont du match. Il permet de souder l’équipe. Cela peut être au moment de l’écriture généralement collective des paroles, mais également lors de la préparation du match. Avant que le public entre dans la salle, chaque équipe prend généralement un temps pour se retrouver dans la patinoire. On échauffe les corps et les voix et le coach donne ses dernières consignes. C’est à ce moment que l’équipe répète l’hymne, ce qui a pour objectif, outre de se préparer à le chanter devant le public, de catalyser l’énergie de l’équipe.

Il n’y a pas de règle précise sur la composition. Il est préférable pour le rythme général et la tenue du spectacle que la chanson ne dépasse pas deux minutes et qu’elle ne s’égare pas dans des chorégraphies ou des variations compliquées.

Il est fréquent que le maître de cérémonie fasse lever le public pour caricaturer la solennité du moment. Cette pratique est loin d’être nécessaire et peut paraître douteuse, car l’hymne n’est pas plus un moment de “patriotisme” qu’un mode de présentation collective de l’équipe. Le spectateur se lèvera si il le souhaite.

Le match d'improvisation théâtrale - tenueLa tenue

Le match étant calqué, à la base, sur le cérémonial du match de hockey, la tenue des joueurs est censée s’en approcher. A l’origine, les joueurs ont donc un maillot de hockey. On a remplacé le bas par un pantalon de jogging noir, et les patins par des chaussures de sport noires. Les maillots de hockey ont plusieurs avantages: ils sont légers (sous les projecteurs, ça a une importance), ils sont faciles à laver, et, osons le dire, ils sont souvent beaux. Leur seul défaut, c’est qu’en Europe, ils sont très chers. L’idéal est bien évidemment de les acheter au Québec. On peut choisir les tailles, les coupes et les couleurs, et ainsi créer un maillot original pour son équipe. On peut toutefois remplacer le maillot de hockey par des maillots de rugby ou de football. (voir dans les bonus les liens vers les fabricants de maillots)

Ce qu’il faut respecter dans la tenue, c’est que les joueurs aient tous un numéro différent, et une nominette. La nominette est une bande de tissus sur laquelle il y a le nom du joueur, et qui s’accroche en haut du dos, ou sur la chute des reins. Il faut également que le maillot ait une couleur dominante, afin que le public puisse clairement voter.

La tenue est pour le joueur ce que le costume est pour l’acteur. Elle doit être à l’image de ce qu’il est prêt à donner dans la patinoire. Il est donc préférable d’éviter (comme on le voit trop souvent) les nominettes déchirées à la hâte dans un vieux bout de tissus sur laquelle on a écrit le nom au marqueur, les pantalons délavés tirant au gris sale, les vieilles tennis trouées, etc... Il faut que le joueur soit beau pour que son jeu soit beau!

Les arbitres ont également un pantalon et des chaussures noires. Ils portent un maillot d’arbitre de hockey (rayé noir et blanc). Comme au hockey, l’arbitre principal peut porter deux bandes rouges ou oranges sur les biceps pour le différencier des assistants.

Le match d'improvisation théâtrale - chaussonsLes chaussons

Les chaussons! Voilà bien un sujet douloureux.

L’origine de l’usage des chaussons vient également du hockey. En fait de chausson, il s’agît, au Québec, de “caoutchoucs”. Les “caoutchoucs” (aussi appelées “claques”) sont des semelles que l’on adapte sur les chaussures pour ne pas glisser lorsqu’on marche en ville sur des trottoirs enneigés. Dans les années 50, durant les matchs de hockey, lorsque le jeu n’était pas bon, les spectateurs furieux lançaient leurs “caoutchoucs” sur la glace, ce qui perturbait bien évidemment le jeu et obligeaient les arbitres à faire procéder à un nettoyage. Robert Gravel a voulu intégrer cette tradition au match d’improvisation, avec à l’origine une idée tout à fait louable:

J’ai toujours dit en blaguant, que chaque théâtre devrait offrir des caoutchoucs à ses spectateurs, pour savoir si son spectacle est apprécié. On n’a pas le droit d’être ennuyant au théâtre. Si on l’est, on reçoit des caoutchoucs. Il ne faut pas trop s’en faire et essayer d’être meilleur.”

S’il est mauvais ou “plate” (selon les termes de Gravel), le public le sanctionne par son vote et par l’usage de son “caoutchouc”. Le “caoutchouc” (qui a le plus souvent été remplacé par des chaussons en Europe) se doit donc d’être un élément constitutif du cérémonial, donc du spectacle. A l’expérience, on peut se demander si l’usage de cet “objet folklorique” ne nuit pas plus qu’il ne sert le spectacle.

L’improvisation n’est possible que dans la mesure où il y a plusieurs gardes fous: le temps, l’espace, les règles... Le joueur se met en danger, car il connaît les limites. Sauf une... L’usage que peut faire un spectateur du chausson. Si on donne un chausson au spectateur, on l’autorise à en faire l’usage qu’il veut. Rien ni personne ne peut lui interdire, dans le cadre du spectacle, de lancer son chausson à n’importe quel moment, et ce, selon des critères qu’il n’a pas à justifier. Cela peut être par rapport à la qualité du jeu, mais aussi parce que la tête du joueur ne lui revient pas, ou tout simplement parce qu’il est amusant de jouer au “chamboultout” avec l’arbitre. Bref, pour des raisons autres que l’ennui que peut provoquer le jeu.

Pour éviter ces cas extrêmes, on assiste souvent à des situations très paradoxales: on explique au spectateur, à l’entrée, comment il doit lancer le chausson (en cloche, et dans la patinoire), le Maître de cérémonie lui explique quand il doit le lancer... On parle aussi d‘”éducation du public”. Mais y a-t-il matière à demander à un public de maîtriser une violence qu’on suscite en lui? Bref on veut empêcher des comportements qu’on légitime de fait. On veut empêcher un acte violent qu’on stimule par principe. On autorise la perturbation subjective d’un spectateur, alors que tout concours à l’émanation d’une communion collective. Et c’est sans doute cela le plus grave. En effet, dix ou vingt spectateurs peuvent, par le jet de leur chausson interrompre l’improvisation, sans que la majorité du public ne puisse rien faire. Le spectateur qui veut que l’improvisation se poursuive n’a aucun moyen de faire valoir son point de vue vis à vis des quelques personnes qui peuvent “interdire” le jeu. C’est la loi de la minorité, c’est la loi du plus fort.

Au delà des pertes de temps suscités par les multiples balayages, un jet de chaussons permet rarement à une improvisation de s’améliorer, bien au contraire. Il annihile la prise de risque et pousse le joueur à jouer la carte de la sécurité. Le chausson interdit au joueur de provoquer, de déranger et donc d’émouvoir le spectateur, notamment au travers d’improvisations dramatiques. Le public pousse le joueur à la facilité, car celui-ci est toujours dans la situation de devoir plaire. Avec le chausson, il peut exiger de lui la facilité, car il a le pouvoir de détruire toute forme d’innovation et donc d’empêcher le joueur d’ouvrir d’autres voies de création. A notre avis, le chausson est un frein au développement du jeu nouveau, donc à l’évolution du match d’improvisation. Certes on peut comprendre l’idée ludique que provoque l’usage du chausson, mais on est loin de ce que voulait Robert Gravel. Cet objet folklorique, au delà de son côté amusant, est donc, à notre avis, un élément destructeur du jeu innovant et créatif, même si les spectateurs s’abstiennent souvent de l’utiliser autrement que contre l’arbitre.

Certaines ligues ont depuis longtemps abandonné les chaussons, notamment au Québec. Les matchs n'y sont pas moins bons.

Notons que dans les compagnies de Théâtre Sport, notamment en Allemagne, le chausson est remplacé par une éponge humide, mais que le spectateur dispose aussi d’une rose qu’il peut envoyer sur l’espace de jeu pour exprimer son contentement.

Le balayage

Directement lié à l’usage des chaussons, le balayage est une procédure que l’arbitre peut ordonner lorsqu’il y en a trop sur l’espace de jeu. Cela peut se faire n'importe quand. En dehors des temps d’improvisation, mais également pendant l’improvisation, auquel cas l’arbitre concède aux deux équipes une nouvelle concertation de vingt secondes.

Le match d'improvisation théâtrale - tapéesLes tapées de patinoires

Le spectateur est toujours surpris de cette pratique particulière. Pendant les intermèdes, lorsque le musicien joue, les joueurs sont rarement inertes sur le banc. Ils font le plus souvent des “tapées de patinoire”. Les joueurs, ensemble, tapent sur la bande, à l’intérieur de la patinoire, font des mouvement synchronisés des bras, envoient des signes à l’équipe adverse, etc... Et cela, sur le rythme de la musique. Cette espèce de chorégraphie est née d’un besoin des joueurs de se maintenir en permanence dans un état d’énergie, et d’avoir tout le temps les sens en éveil. Elle permet également d’avoir un mouvement collectif ce qui rajoute une valeur esthétique à l’ensemble du match. Certaines équipes vont jusqu’à se préparer des mouvements enchaînés à l’avance qui donnent une image de groupe homogène et souvent belle à voir.

Le match d'improvisation théâtrale - explicationsL'explication aux capitaines

Après chaque improvisation, lorsqu’il y a eu des fautes et une fois qu’elles ont été annoncées, le capitaine de l’équipe peut venir demander des explications, dans la patinoire. Selon la formule consacrée, il demande à l’arbitre: “Pour la bonne compréhension du public et des deux équipes, pouvez vous s’il vous plaît nous donner des explications sur ces fautes.” L’explication des fautes a plusieurs intérêts. Dans les matchs de joueurs confirmés, outre le fait d’avoir une justification, cela autorise une petite joute verbale entre le capitaine et l’arbitre, une sorte de provocation au pouvoir établi. Dans ces moments là, l’arbitre joue son autorité et se doit de répondre à cette provocation sans faire preuve d’autoritarisme. L’art de répondre à l’arbitre peut aller jusqu’à influencer le vote, qui se déroule juste après les explications.

Dans les matchs mettant en jeu des joueurs moins aguerris, cela permet surtout à l’arbitre de réguler le match, de donner des conseils aux équipes, et parfois de redonner un peu de souffle et d’énergie quand le match a tendance à faiblir. Dans ces cas, il est important d’avoir un arbitre pédagogue, plus qu’un arbitre autoritaire.

Le match d'improvisation théâtrale - etoilesLes étoiles

A l’issue du match, on sollicite une personnalité locale, un artiste, ou une personne connue que l’on veut honorer, pour remettre trois étoiles. Une première étoile pour le joueur ou la joueuse qu’il a préféré, puis une seconde et une troisième. La remise des étoiles est annoncée à la fin du match, après la dernière improvisation.

Ces étoiles sont souvent critiqués sous prétexte qu’elles instaureraient un système de vedettariat en mettant en avant les joueurs qui se sont le plus fait remarquer au détriment des joueurs qui ont le plus contribué à la construction du jeu. Ce n’est pas totalement faux. Certaines ligues comme la Ligue d’Improvisation de Montréal ont instauré d’autres types d’étoiles: une “étoile” pour le joueur ou la joueuse qui a le plus “brillé” dans la patinoire, une “étoile marteau” pour celui ou celle qui a le plus contribué à la construction, et enfin une “étoile excellence” pour celui ou celle qui a le mieux combiné les deux. D’autres ligues ont tout bonnement supprimé les étoiles pour les remplacer par un “fil d’or”, attribué à la meilleure improvisation.

Les étoiles ont plus qu’une valeur symbolique, et peuvent pousser les joueurs à se surpasser. Avoir une étoile ne laisse jamais indifférent, même si on accepte l’idée qu’elles n’ont qu’une valeur subjective, car remises par une seule personne (éventuellement deux ou trois). Dans les matchs juniors, elles deviennent parfois une vraie motivation, même si elle peuvent laisser penser que le joueur ne joue que pour elle. Jouer pour l’étoile est le meilleur moyen de ne pas l’avoir.

Reconnaissons malgré tout que les vraies victimes de ce fonctionnement sont les femmes. Même si par convenance on attribue au moins une des trois étoiles à une femme, on a plus souvent deux étoiles masculines pour une étoile féminine que l’inverse. Mais il s’agit là d’un aspect du match qui repose sur d’autres enjeux, et qui n’est pas le simple fait de cette remise de récompense (voir le chapitre sur la mixité dans la page "mécanismes psychologiques").

Dans la plupart des ligues, l’attribution des étoiles de toute une saison, permet d’organiser un “match des étoiles”, match événement qui regroupe en deux équipes les joueurs et les joueuses qui ont reçu le plus d’étoiles au cours des matchs de championnat.

Le match d'improvisation théâtrale - interviewL'interview des capitaines ou des coachs

Après le remise des étoiles, le Maître de Cérémonie entre dans la patinoire et invite les deux capitaines à s’exprimer sur la partie (c’est d’ailleurs le seul moment où il peut le faire). C’est souvent le moment propice pour remercier le public (ce qui n’est pas fréquent au théâtre), et où les capitaines peuvent donner leur avis et leur ressenti sur la partie. Il s’agit également du moment qui permet au Maître de cérémonie de conclure le match, de faire les remerciements d’usage et d’inviter les spectateurs à une prochaine rencontre.

© Jean Baptiste Chauvin