Le joueur qui entre dans une patinoire doit mettre en éveil tous ses sens, et être dans un état de concentration qui lui permette de se dominer, de se contrôler, de maîtriser ses peurs et de se faire confiance en faisant confiance à l’autre. Autant dire que l’improvisation met l’individu face à lui-même, sans fard, et parfois avec une violence insoupçonnable pour le formateur. Improviser est avant tout un enjeu personnel.

Nous construisons tous au cours de notre vie un certain nombre de blocages, de peurs, de phantasmes qui sont profondément ancrés dans notre inconscient. Apprendre à improviser ne consiste aucunement à casser tout cela, et n’a , tout du moins en ce qui concerne le match, aucune prétention thérapeutique. L’improvisateur doit simplement comprendre qu’il est en permanence en auto-contrôle, et, comme nous venons de l’évoquer, le plus souvent de façon inconsciente.

L’entraînement est donc avant tout un moment où le joueur va aller au-devant de tout cela pour tenter d’en maîtriser la forme. La peur, le manque de confiance en soi cantonne l’improvisateur dans des comportements stigmatisés qui l’empêchent d’évoluer dans le jeu. Le joueur débutant va très vite construire des effets de garde qui sont autant de défenses psychologiques contre son angoisse naturelle à affronter le vide de la patinoire. Il ne jouera par exemple que des personnages recroquevillés sur eux-mêmes, ou des personnages grimaçants ou trop énergiques. Le joueur plus expérimenté, bien qu’il s’en défende parfois élaborera petit à petit toute une série de ficelles, de personnages qui lui permettront de contourner l’enjeu principal: prendre des risques. C’est pourquoi, il nous apparaît important de considérer l’entraînement comme le moment privilégié durant lequel chacun pourra se confronter à toutes les situations nouvelles de jeu.

Un autre aspect important de l’entraînement, est qu’il va unir l’équipe dans une démarche commune. Le fonctionnement d’une équipe repose essentiellement sur la complicité qui peut régner entre ses membres, ainsi que par la connaissance que chacun peut avoir du jeu de l’autre. Ce moment est donc celui qui va permettre à l’équipe de se forger une identité et une histoire collective. S’entraîner c’est aussi vivre un moment en commun, durant lequel des rapports vont se roder, des personnalités vont se dévoiler, et où un groupe va se former. Un ensemble de joueurs qui se connaît bien joue naturellement dans un état de complicité qui lui permet de dépasser certaines barrières liés à la découverte de l’autre, vu qu’il existe déjà un vécu et donc un certain nombre de références communes.

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© Jean Baptiste Chauvin